À propos…
Si je dis que je suis né en Suisse, à Reconvilier, en 1951, vous aurez une idée de mon âge et, pour quelques-uns, de la région où j’ai grandi. J’ai été un écolier appliqué au bénéfice d’une éducation catholique rigide, dont j’ai essayé de me défaire en étudiant la philosophie, travaillant en particulier sur Heidegger. Pendant plus de 30 ans, j’ai enseigné la littérature française et la philosophie dans un gymnase, c’est-à-dire un lycée.
Ne pouvant me contenter de répéter et perfectionner un même cours année après année, j’ai exploré d’autres voies. Il y a eu d’abord, entre 1976 et 1980, l’aventure de la revue Zomar, hardiment sous-titrée «Recherches et synthèses», qui m’a permis de tâter du journalisme culturel avec quelques amis et de faire des rencontres extraordinaires, car nous avions résolu d’aller interviewer les auteurs dont nous parlions dans les douze numéros publiés. Et ils nous ont reçus, écrivains, politiciens, chefs de presse, pédagogues et philosophes. J’ai ensuite essayé la radio, tout en poursuivant un travail de photographe à la faveur duquel j’ai présenté deux expositions. Cela s’est traduit, dans mon école, par des cours de photographie, puis de vidéo, avec la création d’une mini chaîne de télévision très locale et la production de quelques films d’élèves. Au bout du compte, on m’a appelé à diriger une formation de formateurs d’enseignants dans le domaine des médias, de l’image et des technologies de l’information et de la communication. C’était au début des années 2000. Progressivement, je me suis éloigné du gymnase et je l’ai quitté quand on m’a confié un mandat en relation avec la mise à jour des plans d’études de l’école obligatoire francophone du canton de Berne, qui m’a fait rejoindre l’équipe qui a piloté la réalisation du PER, le Plan d’études romand.
Mais par ailleurs — car il y a un ailleurs —, après avoir tenu des positions de sceptique curieux en philosophie et d’observateur goguenard par rapport à la religion, je me suis fais rattraper par la Grâce et, à 31 ans, retourner complètement dans mes options et mes croyances personnelles. J’ai raconté ce parcours et ma conversion dans La Poursuite du vent (1991). Avec le mariage et trois enfants, j’ai appris à vivre au quotidien avec quatre personnes exceptionnelles qui ont résolument bouleversé mon existence.
La Sagesse ou la Vie (2010) est le fruit d’une réflexion sur les questions qui me sont devenues incontournables : comment me situer et vivre avec cette double identité de philosophe et de croyant dans un monde qui tient majoritairement pour des fables et des mythes les éléments fondateurs du christianisme ? Suis-je simplement un homme qui a vécu l’essentiel de sa vie durant la deuxième moitié du XXe siècle ou y a-t-il dans ce que je crois quelque chose qui me confère une identité qui dépasse mon inscription socio-historique ? Le livre propose quelques éléments de réponse à ces questions. On aura l’occasion d’y revenir ici.
Ce problème des rapports entre la foi chrétienne et la philosophie, je l’ai aussi abordé en présentant une introduction à la philosophie à plusieurs volées d’étudiants en théologie pratique qui fréquentaient une filière non académique. J’en garde quelques-uns de mes meilleurs souvenirs d’enseignant.
Parvenu au terme de mes obligations professionnelles, je me suis défini comme écrivain. J’ai publié deux romans, Chasseral love (2019) et Le Prix du hasard (2024). Je voulais changer de genre, raconter des histoires et observer comment mes personnages allaient se comporter dans des situations parfois extrêmes. Un roman est un bon outil d’exploration de l’existence.
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